Arsène Houssaye aurait appris une foule de choses à qui n’allait point à Mabille ou chez Μ. le duc de Persigny, mais son coup d’œil et son coup de pinceau n’entraient pas jusqu’à la grande nature humaine, qui est au fond et même le fond de toute société, si civilisée, si corrompue, si chinoise qu’une société puisse être. […] Et, dans ce cas-là, il y aurait encore la question de la ressemblance et de la vérité à débattre… Mais si cette Rolande, qui est la reine de ce roman et qui doit emporter avec elle l’intérêt humain du livre, au lieu d’être un monstre social n’est plus qu’une exception, un fait particulier de tératologie, enfin un monstre individuel, le chêne n’est pas responsable des champignons vénéneux qui croissent sur ses racines et je n’ai plus rien à dire à des romanciers qui ont — selon ma poétique, à moi — le droit de tout peindre, s’ils sont vraiment des peintres puissants… Seulement, il reste ceci entre nous : ont-ils peint leur monstre individuel avec le sentiment qu’ils auraient dû mettre dans leur peinture pour qu’une telle horreur fût sauvée par la beauté de la peinture et par l’impression, tragiquement morale, qu’elle devrait laisser dans les cœurs ? […] Il n’y a là ni grande pénétration humaine, ni grande composition littéraire. […] Et il ne s’y éteindra pas, parce qu’il n’est pas une chose de société, mais de nature humaine… Quand la démocratie aura coupé la dernière tête de noble et de poète, il y aura encore de l’aristocratie dans le monde, et, malgré toutes les égalités proclamées, elle repoussera, — déplacée, oui ! […] Car le conte, fût-ce celui de Peau d’Âne, doit avoir, pour intéresser, sous les combinaisons et les arrangements de la fiction, une vérité de nature humaine ou de mœurs.