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562. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

§ 3 Mais je n’effleure la psychologie animale, encore assez obscure, que pour mieux faire comprendre, par la comparaison, ce que c’est que la morale humaine, quelle nature elle révèle, et aussi quel degré, quel état de développement. […] C’est même à la société qu’on a voulu rattacher l’esprit humain comme à sa cause et à sa substance. […] Si l’incohérence des sociétés humaines a rendu nécessaire la morale sociale, comme nous le verrons mieux tout à l’heure, c’est d’elle aussi que dérive la morale individuelle avec tout ce qui s’y rattache. […] § 7 L’action individuelle des autres hommes et l’action sociale qui résulte de leur combinaison ont construit dans l’âme humaine, avec la complicité de certains penchants égoïstes qui y trouvaient leur profit, un édifice de sentiments et d’idées qui viennent fortifier et seconder la partie sociale, altruiste, désintéressée de l’âme humaine et nous fondre de plus en plus, les uns et les autres, en un seul être. […] Parfois elle a su profiler de ce que l’homme inventait, elle a organisé la sélection des produits de l’esprit humain, elle a trié, éliminé, écarté, favorisé ou repoussé, parfois ouvertement, parfois d’une manière sournoise, les sentiments et les idées qui naissent continuellement, en même temps qu’elle rectifiait, transformait et parfois tuait ou pervertissait les anciens.

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