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508. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Au fond de cette poétique pauvreté, on croit apercevoir déjà, comme un fruit sous une fleur indigente, l’ordre et l’économie qui produiront tout à l’heure la richesse, et l’on aime ce jeune homme de vingt-trois ans, ce Caleb commercial de bonne humeur, qui cache les vides de sa boutique avec ses chers livres de chevet pour faire honneur à la maison qu’il veut élever. […] Aujourd’hui que les questions de subsistance, les questions du vivre et de l’économie, priment la question d’honneur dans une société dont l’âme a passé dans le ventre, ce dernier refuge de l’image de Dieu dans les sociétés matérialistes, il faudrait encore du bas de ces questions comprendre la Saint-Barthélemy comme on la comprend du haut des questions spirituelles, à présent délaissées. […] L’honneur des peuples est comme l’honneur des femmes : si les violées de l’histoire sont des héroïnes parce qu’elles ont tué leurs Tarquins ; un peuple catholique, violé dans sa conscience et violé dans son territoire, devait-il laisser faire ses profanateurs ? […] Alors Audin, le Mabillon laïc de notre époque, aussi peu lu que l’énorme Bénédictin, aura les honneurs rétrospectifs des journaux et des revues, ces chacals intellectuels qui aiment à déterrer les morts célèbres, qu’ils n’auraient pas touchés vivants ! […] Il était chevalier de la Légion d’honneur, de Saint-Grégoire, de Saint-Maurice, commandeur de Saint-Sylvestre et du Saint-Sépulcre, membre de l’Académie Tibérine ; une médaille d’or de grand module lui avait été adressée par le roi Charles-Albert.

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