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898. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Il faudrait d’abord, en analysant les gouvernements anciens et modernes, chercher dans l’histoire des nations ce qui appartient seulement à la nature de la constitution qui les dirigeait. […] Après avoir bien établi l’importance première de la nature des constitutions, il faudrait prouver leur influence par l’examen des faits caractéristiques de l’histoire des mœurs, de l’administration, de la littérature, de l’art militaire de tous les peuples. J’étudierai d’abord les pays, qui dans tous les temps ont été gouvernés despotiquement, et motivant leurs différences apparentes, je montrerai que leur histoire, sous le rapport des causes et des effets, a toujours été parfaitement semblable ; et j’expliquerai quel effet doit constamment produire sur les hommes, la compression de leurs mouvements naturels par une force au-dehors d’eux, et à laquelle leur raison n’a pu donner aucun genre de consentement. […] Ces diverses réflexions ne pourraient avoir de prix qu’en les appuyant sur des faits, sur une connaissance détaillée de l’histoire, qui présente toujours des considérations nouvelles, quand on l’étudie avec un but déterminé, et que guidé, par l’éternelle ressemblance de l’homme avec l’homme, on recherche une même vérité à travers la diversité des lieux et des siècles. […] Tel individu qui vous déchire, n’est pas digne que vous regrettiez son suffrage, mais vous souffrez de tous les détails d’une grande peine, dont l’histoire se déroule à vos yeux ; et déjà certain de ne point éviter son pénible terme, vous éprouvez cependant la douleur de chaque pas.

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