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783. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

L’époque est-elle riche et heureuse ? […] Les tombeaux des ancêtres sont au milieu de bocages de myrtes, de cyprès et de sapins. » L’heureux pays, n’est-il pas vrai ! […] Puis, à la fin, que tout le monde obtienne ce qu’il désire ; que la constance inébranlable des héros soit récompensée  ; que tout se termine par des noces et des chansons ; que le lecteur puisse, comme dans un conte de fées, conclure par la formule consacrée : « Ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants. » Voilà comment, dans la seconde moitié du xviiie  siècle on fait un roman pastoral, et, si vous en doutiez, relisez l’œuvre de ce sentimental capitaine de dragons qui s’est appelé M. de Florian, C’est les yeux fixés sur son Estelle que je viens de décrire ce monde enchanté. […] Et le poète s’apitoie sur cette population qui ne peut se consoler de la vie qu’en s’abrutissant de gin ; il montre l’amour dégénérant en bestialité sauvage dans ces centres putrides  ; il supplie les habitants de climats plus doux, les joyeux enfants de l’Italie, de ne pas changer leur heureuse pauvreté pour cette existence infernale, où, dans le bruit des métiers, des rouets, des bobines, Le fer use le fer et l’homme use les hommes. […] Un de ses biographes nous conte qu’il naquit l’année où le vainqueur de Marignan fut vaincu et pris à Pavie et que cette naissance heureuse compensa le désastre subi par la France.

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