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426. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

Seulement, Joubert ne l’aurait pas prévu, cet heureux joueur de dominos s’est établi dans la renommée mieux qu’on ne s’établit au café, où l’on s’attable, mais où l’on ne reste pas, et il est resté à la même place dans une renommée tout de suite faite, et conservée par les générations qui ont suivi et qui se transmettent héréditairement les admirations enseignées et les réputations apprises… Et tout le monde est, plus ou moins, victime de cela ! […] Lui qui ne fut jamais capable de créer un type (il n’y en a pas un seul dans ses ouvrages : Sangrado et Turcaret ne sont que des noms heureux), Le Sage a créé, sans le vouloir, quelque chose de plus mince et de plus odieux que ses œuvres. […] Il aurait certainement été plus heureux avec les imbéciles d’aujourd’hui… Ils lui eussent payé cher ses lignes… S’il avait vécu dans cette glorieuse et adorable époque, il aurait peut-être gagné autant d’argent qu’Alexandre Dumas, le Roi du Feuilleton, à liste civile, — par parenthèse, le seul descendant de l’auteur de Gil Blas qui ait, je crois, dit un jour du mal de son père, pour faire croire probablement qu’il n’en était pas le fils… « Il faut égorger ceux qu’on pille », disait Rivarol.

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