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34. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Les femmes que Casanova a le plus aimées, et qui l’ont le plus aimé aussi, ne meurent pas, ne menacent pas ; je ne dis point qu’elles l’oublient ni qu’elles se consolent entièrement ; mais elles lui promettent au départ de vivre et de tâcher d’être heureuses dans leur tristesse, de même qu’elles lui font promettre d’être heureux à son tour, et d’aimer encore, et de les oublier. […] Heureuse celle que tu aimeras après moi ! […] Quelques escapades, qui cette fois ne le conduisirent pas encore aux Plombs, l’éloignaient momentanément de Venise, lorsqu’il rencontra cette divine Henriette, dont le vieil Hongrois fut heureux de se débarrasser. […] Vantons-nous d’avoir su nous rendre parfaitement  heureux pendant trois mois de suite ; peu de mortels en peuvent dire autant… Ne t’informe pas de moi, et si le hasard te fait parvenir à savoir qui je suis, ignore-le toujours. Je te ferai plaisir en t’informant que j’ai si bien mis ordre à mes affaires que je serai pour le reste de mes jours aussi heureuse qu’il peut m’être donné de l’être, privée de toi.

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