. — « Heureux, s’écrie Pindare, qui, après avoir vu ce spectacle, descend dans les profondeurs de la terre ! […] Après la défense de Bender, où il soutint, en Roland furieux, l’assaut d’une armée ; quand il tomba enfin sous le poids du nombre, le visage meurtri, les sourcils brûlés par la poudre, il souriait aux janissaires qui l’emportaient, calme, heureux, visiblement soulagé, comme un homme que le sang étouffe, et qui respire après une saignée. […] Heureux malgré tout, il parvint à s’évader, au moyen d’une corde jetée sur un gouffre, de la forteresse de Medina, où le roi d’Espagne l’avait enfermé. « Seigneur, — disait le gardien du fort à Brantôme, en lui montrant la lucarne de sa prison, — par là, se sauva, très miraculeusement, César Borgia » : Senor, por aqui se salvo César Borgià por gran milagro. […] Le jeune comte de Peneranda, qui était leur ami, s’approcha de la reyne, et lui dit respectueusement que ceux qui avoient été assez heureux pour lui sauver la vie avoient tout à craindre si elle n’avoit la bonté de parler au roi en leur faveur. […] Le plus heureux, je te le dis, c’est celui qui, sans chagrin dans la vie, ayant contemplé ces beaux spectacles, le soleil, l’eau, les nuages, le feu, s’en retourne promptement là d’où il est venu.