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821. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Voici sa conception : Un imbécile, un médiocre, dont la glorieuse carrière académique aura été toute faite, et sans qu’il s’en doutât le moins du monde, par sa femme, une femme du monde… Un jour, une scène éclatera entre eux, où elle lui fera l’historique cruel de son néant, scène à la suite de laquelle, il ira se jeter du haut du pont des Arts, dans la Seine, à l’instar, je crois, de son confrère Auger. […] Quand je me réveille sur la place de la Concorde, sous un ciel d’un bleu noir, sans étoiles, et ou mortuairement brillent six ou huit flammes électriques, dans de hauts lampadaires, j’ai, une seconde, le sentiment de n’être plus vivant, et de suivre une Voie des Âmes, dont j’aurais lu la description dans Poe. Mais aussitôt, c’est l’avenue de l’Opéra, ce sont les boulevards, avec les enchevêtrements de milliers de voitures, la bousculade des trottoirs, les populations tassées au haut des tramways et des omnibus, le défilé à pied ou en voiture de cette innombrable humanité d’ombres chinoises, sur les lettres d’or des industries des façades ; avec dans la nuit l’éveil agité et pressé, le mouvement, la vie d’une Babylone. […] Ils sont exposés comme épouvantails, non pour ceux qui auraient l’intention de les tromper, mais pour ceux qui seraient tentés de parler trop haut de leur cocuage. […] Mardi 18 novembre Le haut de ma maison, je le bouscule, et jette à bas les cloisons, et cherche à faire des trois petites pièces du second sur le jardin, une espèce d’atelier sans baie, pour y installer, à la sollicitation de mes amis de la littérature, une parlote littéraire, le dimanche.

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