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227. (1887) Essais sur l’école romantique

Il faut rire des gens à habitudes ; et, quant aux intolérants, il faut défendre contre eux les franchises de l’art, et les avertir qu’il n’est guère libéral de défendre à la fois le mouvement et l’immobilité, et que c’est une étrange façon d’aimer les libertés humaines que de les vouloir toutes, hormis une, la liberté du poète. […] Il n’y avait pas que les vieilles femmes qui sussent où elles allaient ; les hommes de génie, les docteurs qui ricanent aujourd’hui de leurs habitudes superstitieuses, leur disputaient alors les dalles des églises. […] Dès lors, ce qui n’eût été qu’une bonne et honnête habitude d’esprit est devenu une foi vive, inquiète, agressive, comme toute foi disputée. […] Le poète qui est jeté tout enfant au milieu des grands spectacles de la nature extérieure, qui est exposé, frêle et débile, à un soleil qui rend les hommes fous, un tel poète risque beaucoup de n’avoir pour tout fond poétique qu’une mémoire échauffée par des habitudes de travail factice. […] Lui aussi règne et ne gouverne pas ; il s’agite dans son époque, mais il n’y tient pas le premier rang, et sa réputation se ressent de cette incertitude ; car si elle est passée en habitude, elle n’est pas consentie.

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