Je n’aurais pu comme vous, comme tous vos imitateurs, offrir ces hardiesses dramatiques qui font reculer d’horreur, ces héros de potence, ces tueurs du moyen âge, ces brigands de nos révolutions, ces assassins, ces voleurs de nos jours, ces prostitutions de filles publiques, ces viols accomplis presque sur la scène. […] Après le choix du sujet, le premier but que se propose l’auteur est d’en tirer une conséquence morale ; le second d’intéresser au sort de tels ou tels héros, connus ou inconnus, vertueux ou coupables, par des qualités qui les élèvent au-dessus du vulgaire ; le troisième de les environner de figures secondaires propres à faire ressortir leur caractère ou à émouvoir leurs passions ; le quatrième de faire jouer tous ces personnages dans la chaîne d’une intrigue claire et pourtant variée ; le cinquième de les faire parler selon le temps, la circonstance, leur rang dans le monde, leur caractère bien exposé, dans un style simple, naturel, énergique et toujours élégant ; enfin, Monsieur, de les faire arriver à une catastrophe qui n’inspire pas une trop grande horreur, ou à un dénouement qui ne blesse ni la raison, ni la décence. […] Vos héros, gens très singuliers, et fort peu historiques, grâce à vos changements de temps et de lieu, changent également de caractère. […] Je ne m’appesantirai pas non plus sur la catastrophe d’Hernani, qui est devenue pour tous vos disciples le moyen de se débarrasser des héros de leurs drames.