/ 1937
1106. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Non, c’est un livre des plus intéressants, la vie d’un homme, d’un soldat qui, au jour le jour, a écrit ses impressions ; c’est la caserne, la cantine, c’est rembarquement, la guerre lointaine, la fièvre, la mort dans un hôpital. […] De guerre lasse et fort endolori, je m’apprêtais à prendre congé du très serviable bureaucrate qui s’était en vain mis en quatre pour me complaire, lorsque, tracé fort lisiblement en caractères majuscules sur l’une des pages de ces cahiers, le nom d’un officier supérieur que j’avais souvent entrevu sous l’empire à la tête des fières légions de Crimée et d’Italie me tira l’œil, et tout à coup, presque malgré moi, un cri s’exhala de ma gorge : « Il doit être couché là, le poète, à côté de ce soldat ! […] L’Océan pour lion, les Alpes pour chevet ; Austerlitz, Iéna, Friedland, météores, Rayonnaient ; un seul homme enflammait tous les yeux ; Sa gloire, grandissant à toutes les aurores, Se composait du bruit des trompettes sonores                      Et des tambours joyeux ; Et l’Europe voyait briller, vaincue et fière, Dans ce camp, d’où sortaient la guerre et ses terreurs, Autour de cette France en tous lieux la première, Comme des moucherons autour d’une lumière, Un groupe humilié de rois et d’empereurs. […] J’aime encor mieux ma guerre, hélas ! […] Adieu jeunesse, jeux et ris, L’amour, la guerre ; adieu souris,             Adieu, minette, Horizons roses, verts sentiers, Châteaux, en Espagne, paniers,             Vendange est faite !

/ 1937