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482. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

XVII On a beaucoup dit et écrit que le talent de Béranger était gaulois ; nous croyons plutôt que ce talent est grec. L’atticisme, cette qualité indéfinissable des choses grecques, est le don par excellence de cet écrivain français. […] Ce peuple dépasse les Grecs en héroïsme, mais il n’égale ni les Campaniens en rêverie, ni les Vénitiens en poésie, ni les Écossais en sensibilité. […] Cette élégie est aussi grecque et plus grecque encore que française ; elle ressemble à s’y méprendre à une feuille de cyprès d’André Chénier. […] … » À ces élégies grecques, à ces vers sur le rétablissement du culte des aïeux, à ces méditations bibliques sur l’écroulement des Bourbons égorgés ou proscrits, à ces évocations au nouvel empire fondé, selon le poète, par un homme suscité de Dieu, ne croit-on pas entendre un néophyte de Fontanes, de Chateaubriand, dans ce jeune homme qui sera un jour l’ennemi du trône, la terreur du temple, le moqueur des Bourbons, l’Homère populaire de la Grande-Armée, le républicain, non du présent, mais de l’avenir ?

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