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333. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Sous cette forme nouvelle, allait renaître ce que nous avons çà et là recueilli dans les débris de l’art grec, la poésie militante, tour à tour enthousiaste et amère, animant le courage, flétrissant l’injustice et la tyrannie, soulevant les passions à sa voix, et plus puissante à les soulever qu’à les apaiser. […] Il a comme le premier la passion de la guerre, l’amour des belles armes et du luxe dans les combats : il est implacable comme le second ; et ses sirventes ne font pas des morsures moins profondes que les ïambes du poëte grec. […] Comme il parle de tout ce qu’il sait, et qu’il n’a point nommé Pindare, Eschyle ni Sophocle, je croirais que, peu versé dans leur langue, de la poésie grecque il ne connaissait guère qu’Homère, le poëte souverain. […] Par là encore, cette poésie extraordinaire du Dante renouvela et dépassa, dans le moyen âge, un des caractères qu’avait eus la poésie grecque, cette voix éclatante de la passion aidée par l’harmonie. […] Elle ne nous représente pas seulement le chœur antique, ce long hymne de la tragédie grecque ; elle renouvelle cette épode rapide et sanglante, ce sévère anathème du génie, que lançait la muse irritée et qui ressemblait à la terrible marche de guerre des Crétois, sous le son de la lyre.

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