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176. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Avant Vigny, qui devina André Chénier par le génie, nous eûmes La Touche, qui le publia, et qui nous ébrancha ce beau platane grec avec sa petite serpette de jardinier français et d’homme de goût. […] Or, parce que Maurice de Guérin a écrit quelquefois des vers qu’on dirait tirés de l’Anthologie grecque, par exemple ceux-ci : Les siècles ont creusé dans la roche vieillie Des creux où vont dormir des gouttes d’eau de pluie ; Et l’oiseau voyageur qui s’y pose le soir Plonge son bec avide en ce pur réservoir. […] Il a pu y avoir, sans doute, par éclats, par réminiscences isolées (car ce n’est pas pour rien que les Grecs, ces rois du symbole, avaient fait les Muses — toutes les neuf — filles de la Mémoire), il a pu y avoir, à certaines places et à certaines reprises, de l’André Chénier en Guérin. […] Le grand anthropomorphiste qui a écrit L’Aveugle, Le Mendiant, tant de fragments grecs et aussi tant d’autres chefs-d’œuvre, — grecs encore quand il voulait le plus être du xviiie  siècle et français, — n’a rien de commun avec le panthéiste qui n’est pas panthéiste seulement que dans son étrange poème du Centaure.

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