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546. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Un vieillard mystérieux, qui avait amassé une fortune de cinquante mille ducats en mendiant sur le pont de Venise, remarque la bonne grâce et la charité de d’Aponte envers les pauvres. […] La peinture de la jeune hôtesse allemande qui l’accueille, et dont il devient épris au premier coup d’œil, est d’une grâce, d’une fraîcheur et d’une candeur qui égalent les pages de Daphnis et Chloé ou les primeurs d’imagination de J. […] C’est tout un drame où la passion se mêle au sourire de la tristesse religieuse, conçu et exécuté par un génie qui unissait la grâce de Raphaël, la mélancolie de Virgile, à la sombre vigueur de Dante et de Shakespeare. […] En ce moment, mon père se trouvant donc à table, entouré de ses fils, de ses gendres, de ses petits-fils, de ses petits-neveux, venait de les convier à boire à ma santé, et en portant un brindizi (un toast) il venait de se lever de sa chaise et de dire : À la santé de notre Lorenzo, absent depuis tant d’années ; et prions Dieu qu’il nous accorde la grâce de le revoir avant l’heure de ma mort ! […] Nous ne nous étonnons plus de l’amitié de Mozart pour cet aventurier d’élite ; l’homme religieux a ses indulgences, qui sont les grâces de la vertu.

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