Fénelon eût osé davantage, au moins dans les portions de naïveté et de grâce simple : La Fontaine cheminait, mais d’instinct seulement, dans le même sens. […] Et quoi de plus propre à cet effet non-seulement que la reproduction fidèle des modèles grecs, mais aussi que la multitude d’efforts, de souplesses de tour et de grâces de langue qu’il faudrait retrouver ou acquérir en les rendant ! […] C’est lui qui a dit : « Il y a trois Grâces, il y a trois Heures, vierges aimables ; et moi, trois désirs de femmes me frappent de fureur. […] Le ton de Méléagre semble s’épurer pour la célébrer : « Les Muses aux doux accents avec la lyre, et la parole sensée avec la Persuasion, et l’Amour guidant en char la beauté, t’ont donné en partage, ô Zénophila, le sceptre des Désirs ; les trois Grâces t’ont donné leurs dons. » Et il explique de toutes les manières, il commente avec complaisance ce triple don, cette voix mélodieuse qui le pénètre, cette forme divine qui darde le désir, ce charme surtout qui l’arrête : beauté, muse et grâce. […] Il n’est pas dit qu’elle fît des vers comme Zénophila, mais elle avait également le doux langage, la voix pareille à un chant ; elle possédait la grâce enchanteresse et cette Persuasion ou séduction (Pitho), déesse ou fée que j’ai cru déjà ne pouvoir bien exprimer que par le charme.