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10. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Les gens du monde croient avoir tout dit quand ils ont dit : « Elle était charmante », ou : « elle était vertueuse », ou : « elle avait une grâce infinie ». Mais, quand on ne grasseye ou qu’on ne zézaie plus ces fadeurs et qu’on se mêle d’écrire, il faut dire quel était ce charme, quelle était cette vertu, quelle était cette grâce, qui faisaient de Madame Récamier : « Madame Récamier », parmi tous les charmes, toutes les grâces et toutes les vertus ! […] elle n’était pas spirituelle, — mais qui était moins et plus que l’esprit, qui était le tact de l’âme à travers la grâce corporelle. […] L’idéal de la femme n’est peut-être ni la beauté splendide, ni le feu de l’esprit, ce diamant du front, ni le feu de l’amour, cet autre diamant de la poitrine, mais un peu de bonté dans un peu de grâce, et en voilà assez pour le ravissement de l’humanité ! […] Enfin, toujours, toujours, elle approchait la grâce si près de la vertu, que son ami Mathieu de Montmorency, qui était un saint, lui, ne cessait de lui répéter : « Ah !

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