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740. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Jusqu’au milieu du xviiie  siècle, la connaissance, le goût, l’imitation des chefs-d’œuvre et du style des grands écrivains classiques furent d’extrême mode dans la haute société de Lausanne. […] Les Lettres écrites de Lausanne, délicieux roman de Mme de Charrière, montrent combien le goût, le naturel choisi et l’imagination aimable étaient possibles, à la fin du dernier siècle, dans la bonne société de Lausanne, plus littéraire peut-être et moins scientifique que ne l’était alors celle de Genève. […] Voltaire est merveilleusement apprécié ; je remarquerai seulement et signalerai à l’auteur, pour qu’il le revoie peut-être, un certain paragraphe de la page xlii 21, qui offre beaucoup d’embarras et de pesanteur dans la diction : je ne voudrais pas qu’on pût dire que le malin a porté malheur, sur un point, à qui l’examine avec tant de conscience et avec une profondeur si sérieuse, éclairée du goût. […] Il a donc assez des habitudes littéraires des écrivains de Port-Royal (et jusqu’à leur goût de l’anonyme), comme il a beaucoup de leurs doctrines religieuses. […] On a droit de noter encore à l’avantage du pays de Vaud, qu’on lui devrait l’introduction dans la littérature française d’un autre personnage bien mémorable, du dernier arbitre classique du goût, s’il était vrai, comme cela paraît en effet, que La Harpe descendait, soit légitimement, soit naturellement, de la famille vaudoise de ce nom.

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