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463. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

On y sent partout un jargon de coterie et de province, le goût de cette petite cour de Lorraine où l’on vivait entre soi comme dans une bonbonnière. […] Elle nous décrit en détail la petite aile qu’habitait Voltaire, les tableaux encadrés dans les lambris, les glaces ; des encoignures de laque admirables ; des porcelaines, des marabouts, une pendule soutenue par des marabouts d’une forme singulière, des choses infinies dans ce goût-là, chères, recherchées, et surtout d’une propreté à baiser le parquet ; une cassette ouverte où il y a une vaisselle d’argent ; tout ce que le superflu, chose si nécessaire, a pu inventer : et quel argent ! […] Puis vient la petite galerie avec les statues, les Vénus, les Cupidons, enfin tout ce que le goût Louis XV peut rassembler dans son luxe et sa perfection. […] Je me suis amusé à recueillir dans les lettres de Voltaire quelques passages qui le peignent au vif dans cette universalité et cette avidité passionnée de goûts. […] Je tâche de mener une vie conforme à l’état où je me trouve, sans passion désagréable, sans ambition, sans envie, avec beaucoup de connaissances, peu d’amis et beaucoup de goûts.

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