toi que ta famille et ta patrie ont rejetée, parce que ton âme valait mieux que les âmes qui t’environnaient ; toi qui ne reçut de la gloire que le sceau d’infortune qu’elle imprime à ses favoris ; toi que n’ont pu consoler ni l’admiration stérile de ta nation, ni l’impuissante amitié de ceux qui connaissent ton cœur ; innocente victime ! […] » Il eut presque autant de plaisir à voir à Zurich le vieux Bodmer, « le Nestor de la Suisse et le patriarche de la littérature allemande, qui avait conservé le feu, la gaieté de la jeunesse, et qui jouissait à la fois de sa gloire et de ses vertus ». […] Je lui parlai de cette étonnante conformité, il me fit cette modeste et remarquable réponse : « Il ne manquerait rien à ma gloire si je ressemblais en tout à M. de Voltaire ; mais peut-être serait-il plus heureux s’il me ressemblait davantage. » — Bodmer fit présent à Ramond du recueil de ses Tragédies historiques et politiques, dont la lecture lui prouva que le genre dans lequel le président Hénault avait échoué n’en était pas moins, dit-il, un genre excellent.