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677. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Les prix ont tout pour eux, puisqu’ils tendent à diriger le public, et à marquer la gloire juste ; Et tout contre eux, puisqu’on les donne à tort et à travers ; puisque des Comités, dont la Littérature est l’impossible souci, partout se fondent, envahissent la place, etc. […] Enfin, c’est un peu de gloire, un peu de bruit autour d’un livre et d’un nom — et dans notre monde moderne, si féru d’affaires, de sport et de divertissements médiocres, il est bon que de temps à autre l’Actualité s’occupe d’autre chose que d’un aviateur, d’un comédien ou d’un multimillionnaire. […] Les écrivains devenus, on ne sait pourquoi, célèbres, comme Georges Ohnet, Rostand, Coppée, Madame de Noailles, ont trente-six réclames qui leur rapportent gloire et pécune et ne leur coûtent rien : ne supprimons donc pas une institution qui peut aider un artiste, c’est-à-dire un homme qui aura presque toujours le public contre lui. […] Une fois sur dix, au moins, un jury peut reconnaître le talent véritable, il peut le sauver de la misère, il peut le conduire vers la gloire… Paul Souchon Certes, je déplore aussi les erreurs des jurys littéraires et les mœurs électorales introduites dans la république des lettres. […] Je sais bien que 5 000 francs et un peu de gloire, sont très tentants et c’est pourquoi d’autant plus il faudrait chasser de notre horizon ces sirènes grossières et par trop ensorcelantes… Enfin il ne faut cesser de répéter au public que ni les prix, ni les honneurs ne sont un gage de mérite.

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