/ 2557
676. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

J’ai vu régner Dorat et Parny préféré à Tibulle, et puis je les ai vu reléguer sans souvenir au nombre des poëtes à fantaisies, jouets d’un peuple sans mémoire ; j’ai vu couronner Chateaubriand vêtu de la pourpre de son style : j’ai vu mourir Béranger dans sa gloire aux sons de ses grelots bachiques et politiques ; j’ai vu, et pour peu que je vive, j’en verrai bien d’autres encore : ne nous faisons pas nos dieux éternels, car ce sont les dieux du temps qui souvent n’a pas de lendemain ; jouissons de tout ce qui nous charme dans les différents chefs-d’œuvre dont nos contemporains nous charment ; mais ne répondons ni d’eux ni de nous devant la postérité. […] Non, je le sens trop ; non, je ne verrai jamais ton suffrage couronner mes efforts en faveur d’une tante, gloire de ma famille, et d’une aïeule de mon époux ; non, j’ai beau me hâter, la publication de cet unique essai ne devancera point la fin dont je suis menacée. […] Il y fut fusillé en 1795, sans doute comme un complice tardif des ennemis de la Convention ; il mourut en héros, ne témoignant d’autres regrets que de laisser son sang inutile à son roi toujours fugitif, et la gloire de son aïeule encore incomplète. […] Se destinez, comme l’entends, Ô dames qu’oyez mon histoire, Prilx à qui plus fist pour la gloire, L’emporte Ismene ; n’y prétens ; Se, pour le bonheur, luy contends : Beau certes avoir l’accolade ! […] Prince, en qui luict valeur, sagesse et tempérance, Du premier de ton nom, qu’en despritz du grégeois, À l’empeyre romain comme au reigne gaulois Rendist, en deulx hyvers, leur prime transparence, T’offrent les derniers sons qu’eschappent à ma voix, Fiere que de tel chant retentisse la France : « Gloire à Charles héroz soubz la pourpre des roys ! 

/ 2557