Puissent les strophes pleines de gloire ne pas trop éclipser ses modestes couplets, d’une beauté si simple et si fraîche, si particulière et si pénétrante ! […] Mais avoir su se créer une place du vivant même de ce géant, Victor Hugo, avoir été si mal payé de ses efforts vers le mieux, avoir si singulièrement préparé sa gloire, avoir recueilli tant de dédain, tant de haussements d’épaules, me font considérer Charles Baudelaire comme le type du poète mort que je dois le plus vénérer. […] Et il me paraît qu’on doit aimer de Vigny, pour cette dignité prudente du cœur, cette passion contenue, cette ombre ardente où il se replia, et cette sincérité hautaine qui lui interdisaient la gloire future des apothéoses. […] Combien Leconte de Lisle, qui connut toutes les douleurs humaines, qui les exprima dans une forme admirable de puissance et d’émotion concentrée, qui pensa vraiment et dont l’apparente impassibilité fut faite de toutes les détresses éternelles, me paraît mériter une plus hautaine et plus pure gloire ! […] J’ignore si Mallarmé a ou n’a pas imprimé dans son œuvre la marque d’un siècle dont il se soucia peu, — mais je le désigne comme ayant laissé une œuvre hautaine, harmonieuse, gonflée de pures pensées — digne de gloire et d’immortalité.