Les gens d’esprit qui trouvent ont besoin de marquer leur place et de forcer un peu leur manière de voir, afin qu’on la distingue plus aisément. […] Peu importait encore ce que l’on savait de sa famille, vieille souche de ligueurs, qui depuis Henri IV ne semblait pas avoir dû se déraciner du sol de la Cité qui l’avait vue grandir ; et ce que l’on avait aussi découvert touchant un petit bien que les La Bruyère avaient possédé à Sceaux, propriété vraisemblable pour une famille parisienne, mais assez invraisemblable pour des gens de Dourdan ! […] Quand, du haut de sa studieuse pauvreté, il parle si fièrement des gens qui n’ont pas le moyen d’être nobles ; quand, drapé dans son indépendance roturière, il s’amuse avec une si fière ironie des Geoffroy de La Bruyère que tout autre que lui tâcherait de se donner pour ancêtres, ne trouve-t-on pas sous ce qu’il dit quelque chose de cette démocratie ligueuse, qui éclatait si effrontément bruyante dans les sermons des curés Lincestre et Boucher ? […] Fournier en ceci a remarqué avec plus de justesse que La Bruyère attendit, pour mal parler des gens de finance et d’argent, jusqu’au moment où, ayant vendu sa charge, il était redevenu libre. […] Ces gens de goût de la génération précédente le remarquaient et se le disaient entre eux.