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495. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

Mais, d’après ma manière de voir, pareil cas ne présente aucune difficulté, car une graine à crochets peut être transportée dans une île par différentes voies ; la plante peut s’y modifier légèrement tout en gardant néanmoins ses graines typiques, et former une espèce autochtone, pourvue d’un appendice aussi inutile que pourrait l’être un organe rudimentaire, ou tel, par exemple, que sont, pour beaucoup de Coléoptères, les ailes plissées qu’ils gardent encore sous leurs élytres soudées. […] Je ne nierai point qu’il ne reste encore beaucoup de questions à résoudre, et qu’il ne soit encore très difficile de comprendre comment plusieurs habitants des îles les plus éloignées ont pu atteindre leur patrie actuelle, qu’ils aient gardé la même forme spécifique ou qu’ils se soient modifiés depuis leur arrivée. […] Quelques espèces cependant ont pu s’étendre dans tout l’archipel, et néanmoins garder partout les mêmes caractères, de même que nous voyons sur nos continents quelques espèces prendre une grande extension et demeurer partout identiques. […] Sans doute que si une espèce a quelques avantages sur une autre, elle la supplantera totalement ou partiellement dans un bref délai ; mais si l’une et l’autre sont également bien adaptées à leurs situations respectives dans la nature, toutes les deux garderont leur place et resteront séparées presque pour quelque période que ce soit.

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