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588. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 493-499

Moliere s’étoit bien gardé de donner dans un pareil travers ; son génie créateur, capable d’inventer ou de réhabiliter ce genre, s’il eût été dans l’ordre, rejeta toujours ce caractere de langueur qui dénature la Comédie. […] Il fait juger des choses par les principes, & non par les succès ; il se rappelle, dans ces momens de délire général, que les alimens les plus contraires sont quelquefois agréables aux estomacs dépravés, que la disette ou l’amour de la nouveauté donne du prix à la médiocrité, au vice même ; & connoissant tout à la fois les sources de la bizarrerie dominante, de la nature des objets qui l’entretiennent, le génie de la Nation qui l’encense, il attend, & pourroit prédire avec certitude, le moment de la révolution qui doit guérir de cette frénésie. […] Non : mais la richesse de son génie ne pouvoit que dédaigner ce qui est tout au plus la ressource du faux talent ou du talent médiocre.

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