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425. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Les États généraux étant convoqués, il raconte que, le 21 avril 1789, se rendant de sa maison de Chaillot au district des Feuillants pour y nommer des électeurs, il eut, par un jeune homme qu’il rencontra et dont il ne savait pas le nom, le premier avis qu’il y serait nommé l’un des électeurs, lui-même : Je le remerciai de cette opinion et n’y comptai pas plus. […] Je me croyais peu nécessaire aux États généraux ; sans facilité pour parler et timide à l’excès, il était facile de trouver dans un autre et le même zèle et la même droiture, et plus de talents. […] On avait pour moi de l’affection et des bontés touchantes ; ma douleur intéressa, et je réussis à ramener le calme. » Aussi, lorsque le lundi 25 mai, après un mois de séance et de secrétariat à l’Archevêché, Bailly se rendit dans la salle des États généraux à Versailles avec les autres députés de Paris, il sentit qu’il changeait de milieu et comme de climat : J’entrai dans cette salle avec un sentiment de respect et de vénération pour cette nation que je voyais réunie et assemblée pour la première fois ; j’éprouvai peut-être un sentiment de peine de m’y sentir étranger et inconnu. […] Il ne lui était pas donné de se perdre à volonté ni de se faire oublier ; il était à peine entré à l’assemblée des États généraux, que, dans l’embarras de nommer un doyen ou président, on l’élut au moment où il y songeait le moins : On n’imaginera pas facilement, dit-il, à quel point je fus affligé et atterré de cette nouvelle. […] Mais au moment où les députés se disposaient à sortir de la salle de l’Hôtel de Ville, une acclamation générale déclare La Fayette commandant de la milice parisienne, et, au même instant, une improvisation du même genre proclame M. 

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