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820. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Daudet est surtout très frappé de la quantité et du bouillonnement des idées, dans le livre de son fils. […] Chez l’animal, il est un bonheur, un bonheur fait de ceci, c’est que jamais le « Linquenda tellus » d’Horace, ne lui traverse la cervelle, et que la mort le frappe, sans qu’il sache qu’elle existe, tandis que, ce soir, accoudé à la barre d’une fenêtre, au-dessus de l’odeur des roses de mon jardin, je pensais à cette obligation. […] Mardi 16 juin Toutes les fois que j’ai été au Jardin des Plantes, j’ai été frappé de la rencontre, qu’on y fait de femmes, bizarres, originales, excentriques, exotiques, inclassables, et que le contact avec l’animalité de l’endroit semble disposer aux aventures de l’amour physique. […] Jeudi 15 octobre Une jeune Roumaine frappe à ma porte, demandant à me voir. […] Mercredi 9 décembre Maupassant serait attaqué de la folie des grandeurs, il croirait qu’il a été nommé comte, et exigerait qu’on l’appelât : « Monsieur le comte. » Popelin, prévenu qu’il y avait un commencement de bégayement chez Maupassant, ne remarquait pas, cet été, ce bégayement chez le romancier, à Saint-Gratien, mais était frappé du grossissement invraisemblable de ses récits.

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