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754. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Peut-on en lisant Lucréce n’être pas frappé de cette admirable abondance, de cette richesse d’expression, que la stérilité de sa langue, dont il se plaint, n’a pu l’empêcher de répandre, avec tant d’agrément, dans son Poëme ? […] Son travail porte par-tout l’empreinte du génie sublime, de l’esprit juste, & du goût délicat ; & si quelques parties de ce poëme ne frappent pas autant que les autres, c’est qu’il est impossible, & qu’il ne convient pas même dans un long ouvrage que tout soit également beau. […] Juvenal méprise l’arme légére du ridicule ; il saisit le glaive de la satyre, & courant du trône à la taverne, il en frappe indistinctement quiconque s’est éloigné des sentiers de la vertu. […] C’est une espêce d’inspiration prophétique, un caprice d’imagination, où il y a des portraits touchés avec force & frappés de bonne main.

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