/ 2080
485. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Leurs rois de mer19, « qui n’avaient jamais dormi sous les poutres enfumées d’un toit, qui n’avaient jamais vidé la corne de bière auprès d’un foyer habité », se riaient des vents et des orages, et chantaient : « Le souffle de la tempête aide nos rameurs ; le mugissement du ciel, les coups de la foudre ne nous nuisent pas ; l’ouragan est à notre service et nous jette où nous voulions aller. » « Nous avons frappé de nos épées, dit un chant attribué à Ragnar Lodbrog ; c’était pour moi un plaisir égal à celui de tenir une belle fille à mes côtés ! […] Elle me menaçait — par jalousie, et me frappait de rudes coups. »  — Tout cela est vain, nulle parole ne peut mouiller ces yeux secs ; il faut qu’on mette le corps sanglant sur ses genoux pour lui tirer des larmes. […] Ils roulèrent ainsi jusqu’à ce que Beowulf aperçut près de lui, parmi les armes, une lame fortunée dans la victoire,  — une vieille épée gigantesque,  — fidèle de tranchant,  — bonne et prête à servir,  — ouvrage des géants. —  Il la saisit par la poignée,  — le guerrier des Scyldings ; — violent et terrible, tournoyait le glaive. —  Désespérant de sa vie,  — il frappa furieusement ; — il l’atteignit rudement — à l’endroit du col ; — il brisa les anneaux de l’échine,  — la lame pénétra à travers toute la chair maudite. —  Elle s’affaissa sur le sol,  — l’épée était sanglante. —  L’homme se réjouit dans son œuvre. —  La lumière entra. —  Il y avait une clarté dans la salle, comme lorsque du ciel,  — luit doucement — la lampe du firmament. » Alors il vit Grendel mort dans un coin de la salle, et quatre de ses compagnons, ayant soulevé avec peine la tête monstrueuse, la portèrent par les cheveux jusqu’à la maison du roi.C’est là sa première œuvre, et le reste de sa vie est pareil : lorsqu’il eut régné cinquante ans dans sa terre, un dragon dont on avait dérobé le trésor sortit de la colline et vint brûler les hommes et les maisons de l’île « avec des vagues de feu. » Alors le refuge des comtes — commanda qu’on lui fît — « un bouclier bigarré — tout de fer », sachant bien qu’un bouclier en bois de tilleul ne suffirait pas contre la flamme. « Le prince des anneaux — était trop fier — pour chercher la grande bête volante — avec une troupe,  — avec beaucoup d’hommes. —  Il ne craignait pas pour lui-même cette bataille. —  Il ne faisait point cas — de l’inimitié du ver,  — de son labeur, ni de sa valeur. » Et cependant il était triste et allait contre sa volonté, car « sa destinée était proche. » Il vit une caverne, « un enfoncement sous la terre — près de la vague de l’Océan,  — près du clapotement de l’eau,  — qui au dedans était pleine — d’ornements en relief et de bracelets. —  Il s’assit sur le promontoire,  — le roi rude à la guerre,  — et dit adieu — aux compagnons de son foyer  » ; car, quoique vieux, il voulait s’exposer pour eux, « être le gardien de son peuple. » Il cria, et le dragon vint jetant du feu ; la lame ne mordit point sur son corps, et le roi fut enveloppé dans la flamme. […] … Ils ont abattu dans la poursuite — la nation des Scots,  — et les hommes de vaisseaux,  — parmi le tumulte de la mêlée,  — et la sueur des combattants. —  Cependant le soleil là-haut,  — la grande étoile,  — le brillant luminaire de Dieu,  — de Dieu le seigneur éternel,  — à l’heure du matin,  — a passé par-dessus la terre,  — tant qu’enfin la noble créature — s’est précipitée vers son coucher. —  Là gisaient les soldats par multitudes,  — abattus par les dards ; — les hommes du Nord, frappés par-dessus leurs boucliers,  — et aussi les Scots — las de la rouge bataille… —  Athelstan a laissé derrière lui — les oiseaux criards de la guerre,  — le corbeau qui se repaîtra des morts,  — le milan funèbre,  — le corbeau noir — au bec crochu,  — et le crapeau rauque,  — et l’aigle qui bientôt — fera festin de la chair blanche — et le faucon vorace qui aime les batailles,  — et la bête grise,  — le loup du bois. » Tout est image ici. […] Le moment était venu pour « la fille du Créateur, pour la sainte femme. » « Elle saisit le païen — fortement par la chevelure,  — elle le tira par les membres — vers elle ignominieusement. —  Et l’homme malfaisant,  — odieux,  — fut livré à sa volonté. —  La femme aux cheveux tressés — frappa le détestable ennemi — avec l’épée rouge — jusqu’à ce qu’elle eût tranché à demi son cou. —  De sorte qu’il était gisant,  — évanoui et blessé à mort. —  Il n’était pas encore mort, ni tout à fait sans vie. —  Elle frappa alors violemment,  — la femme glorieuse en force ! 

/ 2080