Volontiers ils sont frondeurs ; volontiers ils entendent insinuer les choses défendues, et souvent, par abus de logique, par entraînement, par vivacité, par mauvaise humeur, ils frappent à travers le gouvernement la société, à travers la religion, la morale. […] N’effleurez pas, appuyez ; ne glissez pas, enfoncez ; ne jouez pas, frappez ; comptez que vous devez remuer violemment des passions violentes, et qu’il faut des secousses pour mettre ces nerfs en action. — Comptez encore que vos gens sont des esprits pratiques, amateurs de l’utile, qu’ils viennent ici pour être instruits, que vous leur devez des vérités solides, que leur bon sens un peu étroit ne s’accommode point d’improvisations aventureuses ni d’indications hasardées, qu’ils exigent des réfutations développées et des explications complètes, et que s’ils ont payé leur billet d’entrée, c’est pour écouter des conseils applicables et de la satire prouvée. […] C’est le devoir du critique de montrer les défauts aussi bien que les mérites, et invariablement il accomplit son devoir avec la plus entière sincérité et la plus parfaite douceur. — Le sentiment de l’égalité et de la fraternité entre les auteurs m’a toujours frappé comme une des plus aimables qualités distinctives de cette classe. […] Comptez les détails de mœurs, de géographie, de chronologie, de cuisine, la désignation mathématique de chaque objet, de chaque personne et de chaque geste, la lucidité d’imagination, la profusion de vérités locales ; vous comprendrez pourquoi sa moquerie vous frappe d’une impression si originale et si poignante, et vous y retrouverez le même degré d’étude et la même énergie d’attention que dans les ironies et dans les exagérations précédentes : son enjouement est aussi réfléchi et aussi fort que sa haine ; il a changé d’attitude, il n’a point changé de faculté.