Il s’agissait de trouver un personnage qui les poussât et les guidât, « adroit à manier les peuples, agréable aux Grisons (la plupart protestants) », propre « à remettre ces gens-là peu à peu et à regraver dans leurs esprits la dévotion qu’ils commençaient à perdre pour les Français, et qui fût de tel poids, qu’il pût être en ce pays comme garant et caution de son maître », sans que le nom de ce maître fût mis d’abord trop en montre. […] Les Français ne perdirent pas vingt hommes en tout dans le combat. […] Les Français étaient inférieurs en nombre : le 10 novembre, Rohan se porta diligemment à la rencontre de Serbelloni au pas Saint-Grégoire, et, toute reconnaissance faite, se jugeant trop avancé pour pouvoir reculer sans inconvénient, il l’attaqua dans ses positions retranchées. « Il le chargea si brusquement par plusieurs endroits, dit le marquis de Monglat en ses mémoires, qu’il enfonça les premiers rangs. […] Serbelloni ne se retira que blessé ; le comte de San-Secundo, commandant de la cavalerie, fut tué ; les Espagnols y perdirent plus de 800 hommes, les Français 450, et grande quantité d’officiers furent blessés. […] Encore une fois, il convient de douter et de s’abstenir, et ma seule conclusion sera qu’un des traits du caractère de Rohan est la circonspection jusque dans le courage, c’est-à-dire une disposition qui n’est pas très française.