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740. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Je crois cependant que les fables de La Fontaine et les comédies de Molière sortent victorieusement d’une épreuve si dangereuse ; je crois ou je veux croire qu’un bon nombre de Français et de Françaises les aiment encore, quoiqu’elles leur aient été jadis imposées, et les relisent par goût. […] On ferait beaucoup moins bon marché de la dette énorme de l’imitateur français envers son modèle espagnol ; le poète, ainsi que son œuvre, nous semblerait moins original, et l’idée ne nous viendrait pas de saluer en lui le créateur de la scène française, tirant le théâtre du chaos et presque du néant, louange hyperbolique d’ailleurs, même après Horace, Cinna et Polyeucte. […] Le sonnet d’Arvers est l’unique chose qui reste de lui, et il durera autant que la langue française. […] Ayant écrit ses vers badins entre deux invasions du pédantisme, il nous apparaît comme l’héritier et le sauveur du dépôt sacré de la grâce et de la gentillesse françaises. […] Un professeur de belles-lettres a vu dans ce double emploi une raison pour « expulser poliment Rotrou de la littérature française ».

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