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406. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Ceux-là tous qui ont touché à ce baril de poudre de la Révolution française en ont ressenti l’explosion, dans leurs facultés. […] Carlyle, l’Anglais, du pays de Pitt, si bien placé pour juger la Révolution française, y alluma son mysticisme halluciné de puritain. […] Je ne sache pas de livre meilleur que le sien pour jeter la goutte d’eau glacée sur les fronts échauffés par le bonnet rouge, — pour rasseoir et paralyser l’enthousiasme imbécilement ou épileptiquement révolutionnaire… Peu de temps avant sa mort, est-ce que Victor Hugo — un égaré aussi par l’histoire de la Révolution française — n’écrivait pas cette phrase, chargée, croyait-il, d’une prophétie : « Le dix Août est à la Révolution ce qu’aujourd’hui est à demain… » ? […] La Révolution de Thermidor n’a guères été portée plus de neuf mois dans les flancs sanglants de cette Révolution française, qu’on peut bien appeler, sans lui manquer de respect, une prostituée, puisqu’elle a été violée successivement par tous les partis qui l’ont caressée. […] La Révolution française, la magna parens de toutes les autres, dit quelque part M. d’Héricault, existait avant Thermidor, et elle a continué d’exister après Thermidor.

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