Le mot de Boileau à Louis XIV est plus poli : « Votre Majesté peut tout ce qu’elle veut : elle a voulu faire de mauvais vers, elle y a réussi. » — Pendant un voyage qu’il fit en Normandie, après dix ans d’absence, en 1586, Malherbe perdit le Grand-Prieur, son patron, mort assassiné ; ce qui interrompit sa fortune. […] En 1600, il adressait à la reine Marie de Médicis passant à Aix, sur sa bienvenue en France, une fort belle Ode, du plus haut ton, de laquelle date sa fortune, et qui le montre désormais, qui le sacre poète de la dynastie bourbonienne. […] Enfin il intervient lui-même ; il se souvient qu’il est gentilhomme, et que, dans sa jeunesse, il n’aimait rien tant que l’épée : Ô que pour avoir part en si belle aventure, Je me souhaiterais la fortune d’Éson, Gloria : te viridem videt immunemque senectæ Phasidis in ripa stantem, juvenesque vocantem. […] L’année d’auparavant, en 1626, il adressait à l’un de ses amis, M. de Mentin, qui avait autrefois connu personnellement le prélat avant sa suprême fortune, du temps de son exil en Avignon, une lettre mémorable qu’il nous faut citer en grande partie ; car elle n’est pas aussi en lumière et aussi célèbre qu’elle devrait l’être. […] Leur fortune doit se confondre sans arrière-pensée dans celle de l’État : « Au demeurant, on se tromperait de s’imaginer qu’en bien faisant il eût devant les yeux autre chose que la gloire.