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224. (1813) Réflexions sur le suicide

Les revers de la fortune, telle que la société est combinée, causent une peine très vive, et qui se multiplie sous mille formes diverses. […] Mais la considération consiste pour les uns dans l’ascendant que donnent le pouvoir et la fortune, et pour les autres dans le respect qu’inspirent le talent et la vertu. Ceux qui cherchent le pouvoir et la fortune désirent bien cependant qu’on leur croie des qualités morales et surtout des facultés supérieures ; mais c’est un but secondaire qui doit céder au premier ; car une certaine connaissance dépravée de la race humaine apprend que les solides avantages de cette vie sont ceux qui nous asservissent les intérêts des hommes plus encore que leur estime. […] c’est en faisant valoir vous-même la fortune qu’ils auront quand vous ne serez plus. […] L’irréligion a rendu l’esprit superficiel, on s’en est pris de tout au-dehors, à la circonstance, à la fortune ; le vrai trésor de la pensée comme de l’imagination, ce sont les rapports du cœur humain avec son Créateur ; là sont les pressentiments, là les oracles, là les prodiges, et tout ce que les anciens ont cru voir dans la nature n’était qu’un reflet de ce qu’ils éprouvaient au-dedans d’eux-mêmes à leur insu. 

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