Est-ce ainsi qu’il est devenu droit, qu’il est devenu devoir, et qu’il a pu appeler Dieu et les hommes à le protéger, à le défendre, à le venger contre les atteintes que l’égoïsme individuel, la révolte des intérêts particuliers, l’injustice personnelle, l’ambition, l’usurpation, la ruse, la violence, l’impiété des conquérants, la spoliation du plus fort, la tyrannie du plus scélérat peuvent lui porter tous les jours ? […] L’instinct dit à ce groupe humain à peine formé : « Réunis-toi à d’autres groupes pareils pour te protéger contre les éléments comme corps, contre les agressions et les injustices des hommes iniques et forts, comme être moral et libre. » De là l’association fondée alors sur la réciprocité des services : tu me sers, je te sers ; tu me défends, je te défends ; tes ennemis sont mes ennemis ; tes amis sont mes amis. […] Quel plus fort lien entre les générations, mortelles par les années, immortelles par leurs vertus ! […] Devoir de l’obéissance dans les enfants, même quand ils sont devenus, par le nombre et par la force, plus forts que le père et la mère ; devoir d’autant plus moral, d’autant plus spiritualiste, d’autant plus vertueux, qu’il est volontaire, et que la force matérielle dans les enfants se soumet plus saintement à la force spiritualiste dans le père. […] Partout la fraternité en action imposant aux forts la tutelle des faibles, aux riches la responsabilité des pauvres par l’assistance, obligatoire quoique volontaire, du travail et de la charité.