Ces différentes classes ainsi formées, et chacune n’ayant rien à démêler avec ses voisines ; si on n’est pas toujours équitablement jugé dans sa propre classe, on l’est au moins à peu près dans toutes les classes supérieures et inférieures. […] Je vais, en attendant un plus habile architecte, présenter à mes lecteurs l’idée que je m’en suis formée. […] Une troisième classe, peu nombreuse, renferme ceux qui, après avoir formé le matin le projet sincère d’être libres, recommencent le soir à être esclaves, et qui tout à la fois audacieux et timides, nobles et intéressés, semblent rejeter d’une main ce qu’ils tâchent de saisir de l’autre. […] Parmi les grands qui paraissent faire cas des gens de lettres, ceux qui ont quelques prétentions au bel esprit, forment une espèce singulière ; la vanité leur a donné ces prétentions, l’orgueil les empêche de les montrer indifféremment à tout le monde. […] L’homme de lettres digne de ce nom dédaigne également et de se plaindre des uns et de répondre aux autres ; mais quelque peu sensible qu’il doive être aux injures prises en elles-mêmes, il ne doit pas fermer les yeux sur l’appui qu’on leur prête, ne fût-ce que pour se former une idée juste de ceux qui daignent les favoriser.