Ce sont, disent-ils, les écrivains modernes qui ont imité les auteurs anciens, au lieu de créer comme eux ; qui leur ont emprunté, avec les formes de leurs poèmes, le fond même de leurs sujets et de leurs idées, au lieu de traiter, sous des formes différentes, des sujets et des idées appartenant à l’histoire, à la religion, aux mœurs des nations chrétiennes. Les romantiques reprochent-ils à leurs adversaires l’emploi des formes antiques ? […] La nature et l’homme sont invariables au fond ; mais ils reçoivent, des climats ou des siècles divers, quelques changements de forme ou de costume. […] Aucun système de littérature ne peut s’attribuer exclusivement, et contester au système opposé ce principe de la double vérité du fond et de la forme, de la nature et du costume. […] Le romantisme ne tente pas, du moins quant à présent, de renverser les lois qui régissent notre théâtre ; il ne fait pas découler la littérature en général d’un nouveau principe, ne l’établit pas sur de nouveaux fondements, et ne lui donne pas de nouveaux moyens pour une fin nouvelle ; il ne l’a pas enrichie d’un genre ignoré jusqu’à lui ; et, dans les genres connus, il n’a introduit aucun changement qui en altère la forme, encore moins l’essence.