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620. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Mes premières aimées, comme des années très prodigues, avaient déjà en quelque sorte déshérité les suivantes, et dissipé une partie de mes forces. […] Je ne suis au-dessous de rien, parce que je sens mes forces et mon zèle, parce qu’après tout je suis un homme comme un autre. […] On sent ici l’erreur du père en même temps que la force de son aveu. […] il nous est bien force aujourd’hui de suspendre nos études d’alors. […] Son témoignage tourne contre lui-même. — C’est ainsi que se termina à trente-cinq ans l’existence de cette Sophie que Mirabeau n’avait point enlevée, qu’il n’avait point délaissée non plus, mais qui s’était jetée vers lui par un mutuel transport, et que la force des choses avait pu seule lui arracher ; cette Sophie qu’il avait embrasée, qu’il avait enivrée d’émotions fortes, et à laquelle il laissa, en la quittant, la robe dévorante du Centaure, l’ardeur fatale qui ne s’éteint plus.

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