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526. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Les écrivains qui en ont été comme chargés par la force des choses, ont tiré leur plus grande valeur de deux institutions dont l’une subsiste encore, et dont l’autre a survécu dans des écrits excellents, l’Académie française et Port-Royal. […] Mais la pensée qui lui a donné naissance et l’esprit de ses premiers travaux la rendent digne d’avoir une place parmi les choses qui durent ; cette pensée et cet esprit ont compté parmi les forces de l’esprit français à cette époque, et même en cessant de le servir, ils n’ont pas cessé de lui être conformes. […] C’est là qu’il se forma, par le raisonnement et la comparaison, un style d’une exactitude admirable dont les tours et les expressions étaient à tout le monde, mais qui lui appartenait en propre par la force même du consentement qu’il y donnait. […] La force de la discipline et de la foi réglait de telle sorte ces diversités, qu’au lieu de dégénérer en traits d’humeur particulière, elles restaient comme les qualités distinctes d’un être collectif. […] Il n’y a donc pas là de grand style, mais un langage doux, uni, d’une pureté expressive, qui soutient l’esprit plutôt qu’il ne le secoue, qui s’insinue plutôt qu’il ne pénètre de force, qui attire la confiance plutôt qu’il ne s’en empare.

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