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1119. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Elles se penchent sur la margelle du puits pour s’y laver les yeux et les joues dans le seau de cuivre, que la corde enroulée autour de la poulie criarde élève du fond du rocher jusqu’à leurs mains. […] Il avait les goûts élégants et nobles dans une misérable fortune ; il adorait mon père comme un modèle du gentilhomme loyal et cultivé, qui l’entretenait de cour, de guerre et de chasse ; il aimait M. de Vaudran, qui lui avait ouvert sa bibliothèque ; il commençait à m’aimer, tout enfant que j’étais moi-même, de cette amitié qui devint mutuelle quand les années finirent par niveler les âges alors si divers ; amitié restée après sa perte au fond de mon cœur comme une lie de regrets qu’on ne remue jamais en vain. […] Derrière la colline, au midi, qui sépare le village de mon père d’une vallée plus encaissée et plus pastorale, le village de Bussières, groupé autour de son noir clocher, s’étend dans le fond du paysage. […] Un étroit sentier tortueux, tracé évidemment par les pieds du solitaire à travers ces volumes, conduisait au fond de l’appartement, vers la partie la plus éclairée par le volet en grillage des pigeons. […] La bienséance des écrivains pusillanimes ne découvre jamais ces nudités de l’âme en public, mais le cœur gonflé d’amertume soulève sur les plus mâles poitrines ces vaines bandelettes par une impudeur de sincérité plus chaste au fond que les fausses pudeurs de convention.

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