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1698. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Parce qu’elle a cru trouver dans la Profession de foi du vicaire savoyard un fondement inébranlable à ses espérances de progrès, c’est pour cela qu’au lendemain de la Terreur, Mme de Staël a écrit tout un livre, pour y prouver « que la raison et la philosophie acquéraient toujours de nouvelles forces à travers les malheurs sans nombre de l’espèce humaine ». Et quand Chateaubriand n’aurait pas hérité de sa race et de son éducation son sentimentalisme religieux, c’est dans la même Profession de foi qu’il eût encore trouvé la thèse essentielle de son Génie du christianisme. […] De l’art de Balzac ; — et d’abord, si Balzac est en général aussi « mauvais écrivain » qu’on l’a prétendu ; — sur la foi de quelques métaphores outrées ou incohérentes ; — de quelques tours de phrases alambiqués ; — et du mélange ou du bouillonnement dans sa prose de l’argot de tous les métiers ? […] La Révolution de 1830 ; — la préface de Marion Delorme ; — et qu’en y célébrant « les trois glorieuses », — ou en écrivant l’Hymne aux morts de Juillet, — Victor Hugo n’a pas tant « abjuré » sa foi royaliste, — qu’obéi au principe de son lyrisme ; — qui est et qui sera toujours de s’inspirer de « l’actualité », — d’avoir des chants pour tous les deuils comme pour toutes les victoires ; — et d’être autant qu’il le pourra l’écho sonore des émotions populaires. — Qu’en se plaçant à ce point de vue, il n’y a pas lieu de distinguer l’œuvre dramatique d’Hugo de son œuvre lyrique ; — et surtout si son théâtre ne vit que de ce qu’il contient aujourd’hui de lyrique. — Les Chants du crépuscule, 1835. — Candidatures académiques, 1836-1840 ; — Les Voix intérieures, 1837 ; — Les Rayons et les Ombres, 1840. — Victor Hugo devient le poète attitré du « bonapartisme » ; — en quoi d’ailleurs il ne fait que s’associer à un nouveau mouvement de la « pensée nationale », — qui lui inspire quelques-uns de ses plus beaux vers. — Il entre à l’Académie française, 1841 ; — et le gouvernement de Louis-Philippe le console de l’échec des Burgraves, 1843, — en le nommant pair de France, 1845.

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