/ 1749
356. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

L’inspiration, qui guide l’imagination et même la plume du poète, entraînera la rime jumelle dans son flot aussi aisément qu’un fleuve entraîne deux fleurs entrelacées. […] Avril éclot à peine, et c’est déjà l’hiver ; Le crâne décharné rit dans la tête blonde ; La fleur des bouches s’offre au baiser froid du ver. […] Il ne faut point qu’un poète fasse retentir dans de dures trompettes mugissantes les bruissements doux de l’eau, des printemps, des fleurs. Mais le poète est lui-même cette pompeuse trompette qu’embouchent tour à tour les eaux et les fleurs : voyez mon Traité du Poète-Roi. […] Son poème du Rhône devra donc bondir en phrases tumultueuses, rocailleuses, portant de hautes roches et des fleurs — comme un sauvage fleuve sous la foudre.

/ 1749