/ 1749
211. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Entre les fleurs, Psyché, dormant au bord de l’eau, S’anime, ouvre les yeux à ce monde nouveau ; Et, baigné des vapeurs d’un sommeil qui s’achève, Son regard luit pourtant comme après un doux rêve. […] D’une main supportant son corps demi-penché, Rejetant de son front ses longs cheveux, Psyché Écarte l’herbe haute et les fleurs autour d’elle, Respire, et sent la vie, et voit la terre belle ; Et, blanche, se dressant dans sa robe aux longs plis, Hors du gazon touffu monte comme un grand lis. […] Lisez seulement ces vers, pleins des mêmes parfums dont Madeleine brisait le vase aux pieds de son Sauveur : Dans l’urne aux blancs contours que de fleurs ont pleuré Pour l’emplir jusqu’au bord d’un encens épuré ! […] À ces flots onctueux, fumant d’un double arôme, L’homme a fourni les pleurs et la terre le baume : Tous les deux vous offrant leurs présents les meilleurs, La nature, ses fleurs, et l’âme, ses douleurs ; Puis versant tous les deux sur vos traces sereines Ce que vous avez mis de plus pur dans leurs veines ! […] C’est le contraste ici qui fait la satire : Dans ces bois où j’allais écouter l’infini, Comme l’oiseau chanteur j’ai su bâtir mon nid ; Mon cœur, dans la retraite où sa fierté l’enchaîne, Répond à d’autres voix qu’à celle du grand chêne, Et les fleurs du désert, les torrents, le ciel bleu, Les lacs, ne sont pas seuls à me parler de Dieu : De plus chères amours peuplent ma solitude.

/ 1749