Tout en soutenant ses expressions, ou du moins en les justifiant moyennant des autorités respectables, il termine chaque paragraphe en disant, en répétant sous toutes les formes : « Un prophète (ou un saint) avait déjà dit avant moi quelque chose d’équivalent ou de plus fort, je ne fais que redire la même chose, et plutôt moins fortement ; mais cependant je me soumets. » Ce refrain de soumission, revenant perpétuellement à la suite d’une justification qu’il semble donner comme victorieuse, produit à la longue un singulier effet, et finit véritablement par impatienter ceux même qui sont le moins théologiens. […] Je finis par un acte de protestation tiré de votre ami Pline le Jeune : Neque enim amore decipior… C’est-à-dire : « L’affection ne m’aveugle point, il est vrai que j’aime avec effusion, mais je juge, et avec d’autant plus de pénétration, que j’aime davantage. » Cette correspondance de Fénelon avec le chevalier Destouches nous montre le prélat jusque dans ces tristes années (1711-1714) se délassant parfois à un innocent badinage et jouant, comme Lélius et Scipion, après avoir dénoué sa ceinture. […] La paix qui venait de se signer lui imposait de nouveaux devoirs : Ce qui finit vos travaux, écrivait-il à Destouches, commence les miens ; la paix qui vous rend la liberté me l’ôte ; j’ai à visiter sept cent soixante et quatre villages.