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440. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Il commençoit à être dégoûté de la satyre : il sentoit qu’il n’iroit point à la postérité par elle ; mais par ses épîtres, son lutrin & son art poëtique : tous ouvrages finis, & miracles de poësie. […] Le père entendit cette conversation &, quand elle fut finie, il appella sa fille & lui demanda si elle se sentoit du goût pour l’étude : elle répondit qu’oui. […] Ceux qui aiment les tableaux pleins de feu & d’imagination, & qui ne sont que heurtés, se détermineront pour les grands traits de l’Iliade ; mais ceux qui n’estiment que les peintures finies & léchées, mettront au-dessus de tout les beaux endroits de l’Énéide. […] Mais finissons, en observant que tous les écrivains s’accordent sur un point sur le stile de l’Énéide. […] Ils ne trouvent que dans les nôtres l’ordre & la sagesse dans le plan, la nouveauté des situations, la plus exacte bienséance, un ensemble plus beau, plus fini, & toujours supérieur aux écarts brillans d’une imagination féconde & désordonnée.

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