Il ne trouve à dire, en terminant, que des paroles comme celles-ci : « Ne dédaignez pas les efforts d’un cœur qui vous était attaché, qui, sauvant des débris de votre naufrage ce qu’il peut, essaie de l’appendre au temple de l’immortalité… J’entrevois déjà la fin de ma carrière, et le moment, cher prince, où l’Être des êtres réunira à jamais ma cendre à la vôtre. » Des imitations toujours, et quelle froideur ! […] Frédéric fit remarquer à son frère que la guerre tirait peut-être à sa fin, et qu’il n’y aurait probablement aucun événement nouveau à cause de l’hiver, jusqu’à ce que cette question de paix fût tranchée ; il le pria de différer sa résolution de quelques mois : Je suis bien fâché d’apprendre que votre santé, mon cher frère, n’est pas telle que je la désire. […] Il est curieux de voir, à cette fin de campagne, l’impatience du vieux guerrier qui, arrivé toutefois à son but pour la politique, frémit de colère de n’avoir pu frapper un dernier coup, et de se voir obligé à remettre l’épée dans le fourreau sans s’être vengé une bonne fois de ses ennemis dans une bataille : « En fait de campagne, disait-il en se jugeant avec une sorte d’amertume, nous n’avons fait (cette fois) que des misères55. » Dans les années qui suivent, on retrouve Frédéric et le prince Henri en conversation par lettres, en discussion philosophique sur les objets qui peuvent le plus intéresser les hommes, la religion, la nature humaine et le rang qu’elle tient dans l’univers, les ressorts et mobiles qui sont en elle, et les freins qu’on y peut mettre.