Oui, je dois écouter encore les supplications de la plus tendre et de la plus adorée des filles ! […] … Je vous recommande mon frère, ma femme, ma fille, mon fils ; mon fils, à qui je ne laisserai pour héritage qu’un nom flétri et ignominieux ! […] La mort lui ayant enlevé bientôt après sa fille Tullia, délices et orgueil de son cœur, il en conçut une telle douleur qu’il s’offensa de ce que cette douleur n’était pas assez partagée par sa nouvelle épouse, jalouse, sans doute, de n’être pas le seul objet de ses tendresses, et qu’il s’éloigna d’elle et se renferma dans la solitude avec ses larmes et son génie. […] Il se retira dans sa maison plus reculée d’Astura, séjour de deuil où il avait, comme on l’a vu, nourri la mélancolie de la mort de sa fille Tullia : l’âpreté du lieu et la profondeur des bois semblaient l’abriter de la scélératesse des hommes. […] Un temple domestique, vraisemblablement celui qu’il avait consacré à sa fille Tullia, laissait éclater au-dessus ses colonnes et ses chapiteaux de marbre de Paros, à demi voilés par les orangers, les lauriers, les figuiers, les pins, les myrtes et les pampres des hautes vignes qui tapissent éternellement cette côte, où nous avons si souvent rêvé.